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13 mai 2010 4 13 /05 /mai /2010 17:18

Qu'est ce que la philosophie?

Ou

L'allégorie du Solex

 

 

 

La philosophie comme technique, non plus seulement sur le mode de l’être, mais plutôt du faire, nze diffère pas tellement de la mécanique d’un solex.

Premièrement, sur un solex, on constate toujours la panne avant de se poser la question « pourquoi il marche bien ? ». Un solex a toujours un problème (selon mon expérience relativement riche en la matière). De même la philosophie prend son départ quand il y a un problème, une maladie conceptuelle et réelle, qu’il faut curer. Je rejoins Epicure et Nietzsche pour une philosophie de la santé. Quand le solex, le corps, ou l’environnement sont respectivement en panne, malade, ou menacé, il y a alors besoin d’une cure : réparation par la mécanique, soins par la médecine, cure par la philosophie.

Deuxièmement, pour réparer un solex il faut de bons outils (ah ! cette sacré clé de 9 mm…). Pour commencer, il faut ranger et faire l’inventaire de ses outils, au besoin en créer. La philosophie fait de même avec les concepts. Les concepts sont des outils. Ainsi, on va aller emprunter à un autre philosophe un concept comme on emprunte un tournevis, un extracteur, ou un marteau à un ami. On va le modifier, l’adapter. Les bons outils sont d’ailleurs ceux qui s’adaptent le plus facilement à chaque situation.

            Ensuite, armé de nos « outils-concepts », on s’attaque à la panne. Or, pour s’attaquer à la panne, il faut se confronter à la bête : le solex, et la menace d’avoir, au premier contact, les mains déjà noires de graisse et autres résidus visqueux de carburants brûlés ; ou, pour la philosophie, le réel. Le raisonnement à vide ne menant dans les deux cas qu’à une perte de temps, plaisante certes, mais inutile. Non, des données sensibles sont nécessaires. Pour le solex, on le touche, on le manipule, on le regarde, on le scrute minutieusement, on hume aussi son odeur, parfois on goûte et surtout, on écoute attentivement (l’oreille est très importante pour le solex). De même, pour le philosophe, il faut vivre. Sentir, goûter, voir, entendre, toucher. C’est ainsi que se fait l’accumulation de données. Ce n’est pas autrement que je conçois l’approche du réel.

            Enfin, on commence à démonter. En mécanique comme en philosophie, il est parfois très difficile de démonter, bien plus ardu que de monter ou de remonter. Il faut d’abord enlever les carénages, les carapaces, regarder derrières les cachettes. On enlève donc les caches et on découvre un système complexe, plus ou moins abordable. On utilise alors nos outils-concepts pour démonter un pan du moteur, un tuyau qui gène et que l’on met de côté, on remonte peu à peu à la source, à l’origine de la panne. On prend un peu de recul et puis on s’y remet. De même en philosophie, on enlève conceptuellement les caches, l’apparente neutralité des institutions, du langage jusqu’à l’Etat, et on aperçoit alors un système complexe de valeurs. Difficile de voir le problème pour l’instant, alors qu'on a encore qu’une idée floue de l’ensemble. Alors on démonte pièce par pièce, nos outils virevoltants de toute part, démontant, coinçant, bloquant, arrachant parfois des monceaux de matière, ou de valeurs. Parfois une pièce résiste. Alors on flanque un grand coup de marteau, précis mais puissant, et le tour est joué, la pièce tombe d’elle-même. On cherche ce qui est sain, mais tout semble contaminé par la source. On tente alors une autre approche. Parfois on fait un essai dans le réel, qui se révèle souvent désastreux, voire qui aggrave encore le problème.

            Enfin, nous repérons la panne, le problème ! Certes, mais il nous reste encore à réparer, changer la pièce. Le rafistolage peut fonctionner mais on sait toujours que cela est temporaire et précaire. Non, il faut changer la pièce, la concevoir si elle manque, la tester, la modifier, l’adapter (en effet, ces pièces sont rarement standards, ce qui fait que chaque solex est un peu unique et subjectif, vraiment !). Bref, la pièce est trouvée, le tour est joué.

Mais il faut remonter tout ce que l’on a enlevé. Une autre tâche nous attend. Car toutes les pièces qui étaient connectées de près ou de loin à la pièce défectueuse, sont désormais totalement obsolètes. Bref, il faut tout changer. Là, on pousse un grand « Merde ! » retentissant et on envoie valser d’un coup de pied dédaigneux cette ferraille inutile, ou, sur un mode nostalgique, on l’expose comme vestige du passé. Et on reconstruit, on retente, on réessaie. On arrive enfin à un ensemble cohérent et qui fonctionne bien. Le temps d’un doux instant de bonheur.

Jusqu’à la prochaine panne. Très prochaine. Cependant, on se rend compte au bout d’un moment, non sans un brin d’ironie, que l’activité de réparer est en fin de compte assez plaisante, que la fatalité de la panne n’est pas si désagréable, et c’est avec un cœur enhardi que l’on se remet à la tâche quand cela est nécessaire.

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commentaires

M
<br /> J'aime bien le concept de philoso-lex. a vrai dire j'aurais préferé philo-solex pour éviter le "lex".<br /> Mais cela renvoie à un livre de Robert Pirsig : Traité du zen et de l'entretien des motocyclettes (voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Trait%C3%A9_du_zen_et_de_l%27entretien_des_motocyclettes)<br /> <br /> <br />
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  • : Si à 50 ans, on a pas de Solex, on a raté sa vie...
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